L’église de l’ancienne abbaye Notre-Dame de Mouzon fait partie des premiers grands édifices gothiques du Nord de la France. Longtemps considérée comme une construction tardive par rapport à ses consoeurs champenoises que sont l’église abbatiale Saint-Remi de Reims et la collégiale Notre-Dame-en-Vaux de Châlons-en-Champagne, elle est reconnue aujourd’hui comme leur contemporaine, avec une date de commencement estimée autour de 1170. Elle partage avec elles l’élévation intérieure à quatre niveaux, les voûtes sexpartites et une certaine sobriété à l’extérieur. Au XVe et au XVIe siècle, l’édifice est complété : les parties hautes des tours et les pinacles des arcs-boutants de l’élévation sud constituent des témoins significatifs du gothique flamboyant. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Émile Boeswillwald, grand architecte restaurateur, le reprend entièrement, gommant parfois, au nom de l’unité de style, des éléments remarquables comme la grande fenêtre du massif occidental. L’édifice abrite un très beau mobilier, en particulier un maître-autel à baldaquin (1728) et un grand orgue prestigieux (1725) du facteur Christophe Moucherel, auteur du splendide instrument de la cathédrale d’Albi. Des bâtiments conventuels, refaits dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, subsistent principalement deux des trois ailes bordant le cloître au subtil décor classique à bossage.
La cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul
L'architecture et le mobilier
Le projet de maître-autel fut imaginé en 1779 par l’architecte parisien Jean-Henri Gentilz (1756-1789). Couronné par un groupe monumental, une Vierge de pitié, il apparaît comme une version néo-classique du maître-autel de Notre-Dame de Paris (début XVIIIe siècle). L’autel en marbre blanc d’Italie fut réalisé l’année suivante, mais le groupe sculpté fut abandonné. La croix et sans doute les chandeliers furent commandés en 1781 à Pierre Gouthière, célèbre ciseleur parisien originaire de Bar-sur-Aube. Ils étaient en place en 1786. Le tabernacle et les chandeliers actuels, en bois doré, ont remplacé sous le Premier Empire ces précieuses pièces. En 1787, l’autel fut enrichi d’ornements en bronze doré dus au parisien Olivier. Son devant présente des compartiments vitrés destinés à exposer des reliquaires. Les jours ordinaires ils étaient fermés par des panneaux correspondant aux couleurs liturgiques.