La documentation
La recherche documentaire représente la première phase de l'opération. Après avoir repris la liste des lieux de conservation dans l'étude de faisabilité, les chercheurs ajustent l'importance des fonds au sujet de la recherche : les églises de l'arrondissement de Reims hors ville de Reims.
Une bibliographie est établie, les ouvrages recherchés dans les bibliothèques, médiathèques, centres de documentation : bibliothèque Carnegie, service de documentation du service régional de l'inventaire, archives départementales, musée-bibliothèque Le Vergeur ; les recueils des communications des colloques et autres congrès archéologiques sont consultés ; ainsi, certains édifices ont fait l'objet de monographies, à l'occasion par exemple du Congrès archéologique de France : en 1977, plusieurs églises de cette aire d'étude sont présentées par Anne Prache ou Eliane Vergnolle Préciser.
Pour les archives (construction, travaux, entretien, reconstruction après les conflits mondiaux), les fonds suivants sont systématiquement consultés : archives départementales de la Marne (séries G, O, V, P, quelques fonds de J) ; médiathèque de l'architecture et du patrimoine : l'ensemble des cotes des édifices et objets protégés ; service territorial de l'architecture et du patrimoine (classeurs de travaux, de photographies) ; conservation régionale des monuments historiques, conservation des antiquités et objets d'art.
Les documents figurés comprennent cartes, plans, cartes postales, photographies anciennes et contemporaines. Ils accompagnent principalement les dossiers d'archives ; certains fonds sont spécialement constitués, comme par exemple le fonds Henri Deneux (1874-1969), architecte des monuments historiques, qui laisse un important témoignage photographique sur le patrimoine bâti marnais. Conservé au service régional de l'inventaire à Châlons, les photographies des églises étudiées sont numérisées pour être incluses dans les dossiers correspondants.
Les architectes des monuments historiques laissent une mémoire photographique importante et précieuse ; des personnalités comme Bernard Haubold, Paul Pillet, Jean-Pierre Jouve, agrémentent leurs rapports de travaux préalables de photographies montrant l'état du bâtiment au moment T. Ces photographies se découvrent au fil des dossiers de travaux conservés à la médiathèque de l'architecture et du patrimoine. A ces outils de travail immédiats sont associés des reportages plus spécifiquement commandés par la CNMHS ou le service de la protection des bâtiments, pour l'essentiel à la fin du premier conflit mondial, puis au milieu des années 1930 ; les clichés, conservés à la médiathèque de l'architecture et du patrimoine, sont majoritairement numérisés.
La documentation se révèle très inégale d'un édifice à l'autre, selon qu'il est protégé ou non au titre des monuments historiques, selon également l'importance historique qui lui est accordée. Certaines églises bénéficient de relevés, plans cotés, coupes transversales et longitudinales, telle celle de Ville-en-Tardenois ; en 1970, Éric Boisseil, Jean-Claude Maillart et François Scherpergel éditent des relevés complets de l'église du 12e siècle, classée le 15 juillet 1919 ; leurs plan, élévations et coupes sont recopiés à plusieurs reprises et utilisés dans les dossiers d'étude et de devis des architectes des bâtiments de France.
Les églises protégées au titre de la loi du 31 décembre 1913
Les immeubles
La zone d'étude : l'arrondissement de Reims, hors ville de Reims, inclut 153 communes, représentant environ 160 édifices cultuels - églises principalement - propriétés publiques. Un tiers de ces édifices, 56 précisément, est protégé au titre de la loi sur les monuments historiques. La plus ancienne entrée dans les listes est l'église paroissiale Notre-Dame-et-Saint-Nicaise de Cauroy-lès-Hermonville protégée dès 1862 ; s'ensuivent en 1911 les églises de Lavannes et Cernay-lès-Reims et en 1914 celle de Bazancourt. Ensuite, les principales protections s'échelonnent de 1919 à 1922 : 14 en 1919, 17 en 1920, 12 en 1921, 4 en 1922, puis 1 en 1923 et 1924, puis 1930. Enfin, deux églises sont inscrites à l'inventaire supplémentaire, l'église Saint-Remi d'Unchair en 1954, celle de Breuil en 1986.
L'ampleur des protections entre 1919 et 1921 s'explique par les dommages de guerre subis par 43 communes de l'arrondissement ; ces églises remontaient toutes à la période médiévale, parfois au 12e siècle, la plupart du temps des 14e et 15e siècles. Les dégâts sont inestimables. La reconstruction commence immédiatement après la fin des hostilités, grâce à la mise en place d'un appareil législatif, d'emprunts et de coopératives de reconstruction. Ainsi, la loi sur les réparations du 17 avril 1919 reconnaît le droit individuel à la réparation des dommages causés aux biens par le déroulement de la guerre ; elle est suivie de la loi du 19 avril 1919 qui promulgue la charte des sinistrés. La même année, le Crédit national est créé pour faciliter la réparation des dommages, et de nombreux emprunts et bons du Trésor sont mis en place afin de financer la reconstruction (http://www.economie.gouv.fr/caef/tresor-dommages-guerre-et-reconstruction). Dans la Marne, l'union des coopératives approuvées de la vallée de la Marne et l'union des coopératives rurales de reconstruction de l'arrondissement de Reims permettent aux communes de restaurer leur économie, l'habitat, les unités de production. Après la Seconde Guerre mondiale, la loi du 28 octobre 1946 sur les dommages de guerre reprend les mêmes dispositions. La reconstruction française est assurée en grande partie grâce à l'aide américaine, appliquée surtout via le plan Marshall.
Dans notre zone d'étude, la seconde guerre mondiale surprend les communes précédemment sinistrées encore en pleine reconstruction. Pour de nombreux bâtiments paroissiaux, il faut recommencer : les édifices encore fragilisés, dont la reconstruction tire parfois en longueur faute de crédits votés, sont à nouveau endommagés. Les vitraux ont volé en éclats, les clochers, les portes soufferts des mitraillages et des bombardements. Il n'est pas rare de rencontrer deux sources de financement pour les travaux de restauration qui commencent dès 1940 : celle encore allouée par les dommages de guerre de 1914-1918, celle de la guerre de 1940. L'indigence des matériaux, l'importance des dégâts probablement sous estimés dès les premières analyses, la lenteur des restaurations apportent de nombreux dysfonctionnements aux édifices, dont les travaux de restauration perdurent jusqu'au milieu du 20e siècle. Dans la seconde moitié du siècle, et plus particulièrement à partir des années 1980, les études préalables sont plus souvent demandées et confiées à l'architecte en chef des monuments historiques, ce qui permet d'entreprendre une restauration systématique, conduite en plusieurs phases sur plusieurs années. Le point sensible reste la toiture, régulièrement endommagée par des tempêtes qui semblent particulièrement affecter cette zone géographique tout au long du 20e siècle, les plus importantes étant celles de 1990, puis de 2000. A partir des années 1990, des opérations d'entretien sont régulièrement menées, minimisant les dégradations, retardant la mise en œuvre d'interventions plus conséquentes et plus coûteuses.
Les édifices non protégés
Les deux tiers des édifices à étudier ne sont pas protégés au titre des monuments historiques, parce que leur architecture a été trop remaniée au fil des siècles ou ne présente pas d'intérêt d'un point de vue de l'histoire ou de l'histoire de l'architecture. Toutefois, certaines églises enferment des objets classés ou inscrits, aussi sont-elles régulièrement suivies, à la demande des communes, par le Service territorial de l'architecture et du patrimoine (STAP). Outre les travaux conduits sur le bâti, le dossier contient la liste des objets et quelques photographies prises par l'architecte des bâtiments de France.
Les objets mobiliers
Sur les 153 églises à étudier, 107 abritent des objets mobiliers classés et 90 des objets mobiliers inscrits ; 15 sont sans objets mobiliers protégés. Les listes des objets classés et inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques ont été transmises d'une part par le STAP (mais arrêtées à 2004) et par la conservation des antiquités et objets d'art (arrêtées à 2015). Cette dernière gère les objets protégés à l'aide des fiches réglementaires accompagnées des photographies des objets. À la Conservation régionale des monuments historiques sont consultables les dossiers de restauration d'objets protégés, s'échelonnant de 1936 à 2014, et concernant 48 communes.
À la médiathèque du patrimoine sont conservés les dossiers de récolement des objets protégés, de 1919, de 1922, 1940 et 1975, et quelques dossiers d'objets inscrits proposés au classement.